Tristes tropiques pour les Kerguelen

Ils s’appelaient Kerguelen. L’un était curé, qui laissa son nom à un piton et à un quartier des hauts du Sud de la Réunion. L’autre laissa son nom à des îles du Grand Sud. Mais pour tous deux, le retour en France passa par la case prison…

S’ils se querellaient volontiers à bord du « Saint-Jean-Baptiste » qui les a amenés de Lorient à l’île Bourbon en 1689, le père Hyacinthe de Kerguelen de Trébiquet et le gouverneur Henry Habert de Vauboulon vont continuer à s’entre déchirer une fois installés dans l’île. Tant et si bien que le 21 novembre 1690, alors que le gouverneur vient assister à la messe célébrée par…le père Hyacinthe, il est fait prisonnier, enchaîné et jeté en prison ! Il meurt dans sa cellule, sans doute empoisonné en mars 1692. Avec la complicité active du père Hyacinthe, Michel Firelin, garde magasin, qui avait lui aussi eu maille à partir avec le gouverneur Habert de Vauboulon, est proclamé gouverneur…

Le 4 septembre 1696, le, père Hyacinthe est ramené en France pour y être jugé. Sont embarqués avec lui Firelin, Robert, Duhal et Vidot, tous impliqués dans l’arrestation du gouverneur Vauboulon. Le navire arrive à Brest le 5 mars 1697 et jetés en prison en attendant leur procès. Ils sont jugés le 25 mai ; Firelin est condamné à mort est pendu. Le père Hyacinthe est condamné aux galères. Cependant, à la demande expresse du roi Louis XIV, sa peine est commuée en détention perpétuelle. Le 31 mai 1697, il est finalement libéré et se retire dans un couvent des Capucins où il finira sa vie.

Quant à Yves Joseph Kerguelen de Trémarec, officier de marine, explorateur, arrière petit-neveu du père qui fit escale à Bourbon en octobre 1773 avant de mettre le cap sur les îles auxquelles il donnera son nom (les Kerguelen), son voyage dans l’océan indien ne lui aura pas porté chance non plus. De retour en France, le navigateur est traduit en conseil de guerre, cassé de son grade et emprisonné à Saumur…