Marcel Boissier, De Castelnaudary à la Plaine des Palmistes
- Sully Damour
- 31 déc. 2016
- 3 min de lecture







Marcel Boissier, conseiller municipal de la Plaine des Palmistes de 1965 à 1971, maire et conseiller général de la Plaine des Palmistes de 1971 à 1989 nous a quittés le 18 aout dernier à l’âge de 94 ans. J’ai eu l’occasion de le rencontrer en 2011, pour les besoins d’un article paru dans le magazine « Visu », article que je reprends dans les grandes lignes ci après, pour un hommage à sa mémoire.
La silhouette était un peu plus voûtée par le poids des ans. De la crinière d'un noir corbeau il ne restait qu'une chevelure éparse et blanchie. La démarche était plus lente, l'élocution parfois hésitante, mais l'accent du Sud-Ouest de la France était toujours présent, tout comme son inamovible sourire sculpté sur son visage. Il avait alors 89 ans, et j’avais passé deux heures en sa compagnie, au milieu de ses archives, véritable machine à remonter le temps...
Ce n'est pas lui faire injure que de rappeler ses origines. Il faut bien « être né quelque part », comme le chante si bien Maxime Leforestier. Marcel Boissier, comme le laissait entendre son délicieux accent, est né à Castelnaudary, dans l'Aude, le 15 novembre 1922. « Mais dans ma vie, j'ai passé plus de temps à la Réunion qu'en métropole » ajoutait-il aussitôt, comme s'il voulait s'excuser d'on ne sait quoi...
Une scolarité rondement menée, et le voilà à Autun, en 1940, occupant son premier poste dans l'Administration, en pleine débâcle. L'armée nazie occupe le sol français. C'est dans une pension de famille d'Autun qu'il entre en contact avec les FFI (Forces Françaises de l'Intérieur). Il a tout juste 18 ans, et le voilà dans la résistance, au Mont Beuvray, dans des conditions rocambolesques...
Après la Libération, il regagne le Sud Ouest, occupe un nouveau poste à Albi. Puis, après avoir réussi le concours de technicien du Génie Rural, cap sur la Réunion. Et pourquoi la Réunion? « J'avais réussi à deux concours et j'ai choisi le corps qui me permettrait de me rapprocher de la Nouvelle Calédonie... »
Etonnant non? Rêver de la Nouvelle Calédonie et avoir rendez-vous avec le destin à la Réunion! Et pourquoi la Nouvelle Calédonie berçait-elle les rêves du jeune Marcel Bossier? Tout simplement parce qu'un arrière grand-oncle, Louis Boissier, fit partie des « Communards », ces insurgés de 1871, à Paris, condamnés à la déportation à l'île des Pins, en Nouvelle Calédonie.
Marcel Boissier n'a jamais mis les pieds en Nouvelle Calédonie. Mais il a mené, au début des années soixante-dix, un formidable travail de recherche qui lui a permis de mettre la main sur les courriers émouvants de son arrière grand-oncle, depuis son départ pour l'exil en juin 1873, jusqu'en 1879...
Le voilà donc versé dans le « Génie Rural », à la Réunion au début des années soixante. Bien que logé à Saint-Denis par son administration (ancêtre de l'actuelle DAAF), il est attiré par la Plaine des Palmistes. En 1965, il est approché par M. Crochet, maire de la Plaine des Palmistes pour être sur la liste aux municipales. Il deviendra en suite conseiller général de la Plaine des Palmistes, puis maire de la commune pendant 18 ans, de 1971 à 1989. Certes, les moins de 30 ans ne peuvent avoir connu l'ère Boissier, mais il aura laissé son empreinte dans la commune: en sa qualité de technicien du Génie Rural, il a mis ses compétences au service du...maire de la Plaine pour construire nombre d'édifices, et notamment des ponts. Touche à tout, il est à l'origine de multiples oeuvres associatives: mutuelle décés, troisième âge etc.
Retiré de la vien politique, Marcel Boissier consacrait sa retraite à un travail de moine bénédictin: il avait conservé chez lui des milliers de journaux locaux et, patiemment, il découpait, classait, archivait, avec une minutie qui force l'admiration. Dans des armoires, sur des étagères, des dossiers, pochettes, chemises, étiquetés, année par année. Et ce n'est pas sans une pointe de fierté dans la voix qu'il m’avait montré ses cahiers d'écolier datant des années 38, 39, ou quelques devoirs avec la date et la note. « J'ai encore mes cahiers de classe! A 89 ans, il faut vraiment être conservateur » plaisantait-il.
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