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Eugène Rognard: prêtre bâtisseur et curé de choc

  • Sully Damour
  • 13 déc. 2016
  • 4 min de lecture

Le père Rognard fut agelement un acteur de la vie tamponnaise: il fut parmi les fondateurs de la caisse locale du Crédit Agricole.

L'intérieur de l'église du Tampon. Le père Rognard voulait "une église pouvant contenir au poins mille personnes".

A l'intérieur de l'église Saint-François de Salle, une dalle honore la mémoire du père Rognard.

L'église du Tampon, dans les années quarante.

La chapelle Saint-Gabriel, première église du Tampon. Elle était située sur l'emplacement de l'actuel bureau du cimetière de Terrain Fleury.

Le père Eugène Rognard, curé du Tampon de 1907 à 1945, prêtre bâtisseur et curé de choc.

Curé de la paroisse du Tampon de 1907 à 1945, Eugène Rognard est un personnage marquant de l’histoire de la ville du Tampon. Prêtre bâtisseur, il fait ériger l’église du centre ville, celle de Bras de Pontho et de la Plaine des Cafres. Il oeuvra aussi dans le domaine social, en créant des colonies de vacances et en mettant sur pied l’association « la Goutte de Lait », pour venir en aide aux plus démunis. Il fut aussi à l’origine de la première caisse locale du Crédit Agricole du Tampon. Personnage au caractère bien trempé, il s’est opposé aux tout puissants Kerveguen. Et fut un activiste de premier plan – même s’il n’a joué aucun rôle officiel- dans la création de la commune du Tampon. Le père Rognard est décédé en 1945.


Né à Annecy (Haute Savoie) en 1878, Eugène Rognard est ordonné prêtre à Paris le 6 juillet 1902. C’est donc un jeune curé qui arrive au Tampon en juillet 1907 après avoir officié à Champ-Borne et à Saint-Gilles les Hauts. Il n’a pas encore 27 ans, mais déjà un caractère bien trempé.


En ce temps-là, le Tampon n’avait pour lieu de culte qu’une chapelle en bois, près de l’actuel cimetière de Terrain Fleury. Construite en 1858, la bâtisse fut consacrée le 10 mai 1859 par Mgr Maupoint et fut baptisée « chapelle Saint-Gabriel », en hommage à Gabriel le Coat de Kerveguen, richissime propriétaire terrien, industriel, commerçant, et surtout financier avisé, sur le terrain duquel la chapelle avait été construite.


A peine installé dans sa nouvelle paroisse, le jeune curé entre en conflit avec Robert le Coat de Kerveguen, le patriarche de la famille qui demandera à l’évêque de déplacer ce curé un peu trop impertinent à ses yeux. De disputes en procès, de querelles en sommations d’huissiers, le père Rognard est expulsé du presbytère et doit se trouver un nouveau logis. Mais M. de Kerveguen fait pression sur les personnes susceptibles de louer une maison au prêtre qui finit malgré tout par louer une maison appartenant à la famille Bénard. Le prêtre n’est pas peu fier d’avoir tenu tête à Robert de Kerveguen et écrit à l’évêque le 21 décembre 1909: « M. de Kerveguen aurait » voulu que le vicaire et moi fussions jetés à la rue. Aussi est il fort ennuyés de nous savoir logés.

Dès lors, le jeune prêtre n’a qu’une idée en tête : construire une nouvelle église. C’est d’ailleurs ce qu’il écrit à l’évêque dès le 3 janvier 1910 : « C’est une entreprise périlleuse que j’aurais à conduire. Mais soutenu par votre Grandeur et par les paroissiens, je la mènerai à bon port avec la grâce de Dieu. »


Mais l’évêque, Mgr Antonin Fabre ne partage pas l’enthousiasme du prêtre et lui écrit le 12 janvier 1910 : « Vous ne devez pas vous lancer dans une pareille entreprise si vous n’avez pas tous les moyens de la conduire à bonne fin. »


Qu’importent les mises en garde du chef du diocèse ! Eugène Rognard n’a ni le terrain, ni l’argent. Mais il veut construire une nouvelle église. La seule chose qu'il possède pour résaliser son projet, c'est une foi à déplacer les montagnes.


Il rencontres quelques notables, sollicite les paroissiens par des souscriptions, organise des kermesses… Tous les moyens sont bons pour trouver les finances pour la construction d’une nouvelle église. Ses adversaires –dont les Kerveguen- ne manquent pas de lui mettre les bâtons dans les roues. Certains diront du père Rognard qu’il « forçait la générosité des paroissiens »…


« Vous avez commencé la construction d’une nouvelle église sans autorisation »


Finalement, Jules Bertaut lui cède pour un prix symbolique (500 francs) le terrain et les travaux commencent en septembre 1910, alors que l’acte de cession du terrain ne sera signé que le…29 décembre 1910. Jules Bertaut fait acter par le notaire Jules Hermann une clause : l’église devra être construite dans un délai de 15 ans, faute de quoi le terrain redeviendra la propriété de Jules Bertaut ou de ses héritiers.


Le curé s’adresse un architecte installé à…Annecy, M. Fontaine pour les plans de la future église et commence les fouilles pour les fondations. L’évêque, plus sceptique ordonne à Eugène Rognard d’arrêter les travaux et lui écrit, le 28 septembre 1910 : « Vous n’avez pas le droit d’agir ainsi (…) votre manière d’agir est tout à fait blâmable, parce que vous avez commencé la construction d’une nouvelle église sans autorisation (…) »

Mais le curé ne l’entend pas de cette oreille et poursuit les travaux. Finalement, le 17 juin 1911, l’évêque en personne, Mgr Antonin Fabre vient poser la première pierre de l’église et bénit solennellement l’édifice qui reçoit le nom de Saint-François de Sales.


Le 23 décembre 1913, les travaux sont presque achevés et l’église peut accueillir sa première messe concélébrée par l’abbé Maître et le père Rognard. Le 25 décembre, les paroissiens pouvaient assister à la première messe de Noël dans la nouvelle église.


Le prêtre bâtisseur, curé de choc avait gagné son pari : construire en trois ans une église alors qu’il disposait d’un délai de 15 ans pour le faire…


 
 
 

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